Gouvernance locale et inclusion communautaire dans le processus de prise de decision publique : Une etude de cas de Sicap Liberté 5

Aujourd’hui, l’importance de la gouvernance participative est indéniable. Lorsque les citoyens participent activement aux processus de décision, en particulier au niveau local, cela conduit à une société plus inclusive et démocratique. La gouvernance locale devient le pilier du développement et de l’engagement communautaire, offrant aux citoyens le pouvoir d’influencer les politiques qui affectent directement leur quotidien.

Le cas de Sicap Liberté 5, un quartier au Sénégal, fournit un exemple remarquable de la manière dont l’inclusion communautaire et la gouvernance locale peuvent conduire à des processus décisionnels significatifs et inclusifs. L’expérience de la modernisation d’un terrain de football public illustre comment l’implication des habitants dans les décisions publiques peut renforcer la confiance, la transparence et la responsabilité partagée. Dans cet article de blog, nous examinerons le cadre utilisé à Sicap Liberté 5, le processus d’inclusion communautaire et l’impact de cette approche participative sur la gouvernance locale.

Le cadre de gouvernance locale et d’inclusion

L’expérience de Sicap Liberté 5 offre un aperçu d’un cadre de gouvernance locale structuré et participatif. Ce cadre a été conçu pour engager les résidents dans le processus de prise de décision, en fournissant une plateforme claire de dialogue entre le gouvernement local et la communauté.

Voici une vue d’ensemble du cadre :

  1. Proposition initiale et allocation budgétaire : En 2023, la municipalité (le Maire et le Conseil municipal) de Sicap Liberté a voté lors de leur session budgétaire la modernisation d’un terrain de football public en un terrain synthétique. Le budget alloué était de 59 millions FCFA (environ 100 000 USD). Cette décision s’inscrivait dans une volonté plus large d’améliorer les infrastructures publiques de la localité, en mettant particulièrement l’accent sur le développement des jeunes et du sport.

  2. Dialogue citoyen et présentation : En août 2024, le Maire et le Conseil municipal ont organisé un dialogue citoyen à Sicap Liberté 5 pour présenter le projet à la communauté. Cette réunion a été tenue en collaboration avec le président du conseil communautaire du quartier et le délégué de quartier. Le dialogue avait pour objectif d’expliquer en détail le projet, de recueillir des retours d’information initiaux et de veiller à ce que les préoccupations de la communauté soient entendues.

  3. Formation de deux groupes : Au cours du dialogue, deux perspectives principales ont émergé :

    • Le camp du “Oui” soutenait le projet de modernisation. Ils y voyaient une opportunité de développement économique, d’amélioration des infrastructures sportives et de meilleures opportunités pour les jeunes.
    • Le camp du “Non” exprimait des préoccupations quant à la privatisation d’un espace public. Ils craignaient que le terrain de football ne soit plus accessible à tous, en particulier à ceux qui ne pourraient pas payer pour son utilisation.
  4. Assemblée délibérative : Suite au dialogue initial, la décision a été prise d’organiser une assemblée délibérative le 8 septembre 2024. Cette assemblée a réuni 60 membres de la communauté pour poursuivre la discussion, peser le pour et le contre, et parvenir à une décision collective. Les deux camps ont présenté leurs arguments :

    • Le camp du “Oui” a argumenté en faveur de la modernisation, soulignant la génération potentielle de revenus, l’amélioration de la qualité du terrain de football et les bénéfices économiques globaux pour la communauté. Ils ont également mis en avant la possibilité d’attirer des investisseurs intéressés par le sport et le développement des jeunes.
    • Le camp du “Non” s’est inquiété de la durabilité du projet, se demandant si la communauté serait capable de gérer le terrain à long terme et si la privatisation d’un espace public était dans le meilleur intérêt du quartier.
  5. Consensus et représentation : Après de nombreuses discussions, la communauté a atteint un consensus pour aller de l’avant avec la modernisation du terrain de football, sous réserve de clarifications du Maire concernant le modèle économique et la durabilité du projet. Un groupe de 10 représentants a été sélectionné pour rencontrer le Maire et présenter la position de la communauté.

  6. Rencontre avec le Maire : Le 25 septembre 2024, les 10 représentants ont rencontré le Maire pour exposer les préoccupations et conditions de la communauté pour la mise en œuvre du projet. Le Maire a fourni des éclaircissements, expliquant la structure de gestion du terrain, qui serait supervisée par une délégation de service public. Ce comité de gestion serait principalement composé de membres de la communauté, garantissant que la population locale conserve le contrôle de l’installation. De plus, le Maire a détaillé un plan de gestion des revenus, répartissant les dépenses en trois catégories pour s’assurer que les bénéfices du terrain de football seraient réinvestis dans la communauté.

Importance de l’inclusion communautaire dans la prise de décision publique

L’expérience de Sicap Liberté 5 démontre l’importance d’une gouvernance inclusive. En impliquant la communauté dans le processus décisionnel, le gouvernement local a assuré la transparence et a renforcé la confiance. L’approche participative adoptée dans ce cas fournit des leçons précieuses pour d’autres municipalités et communautés cherchant à engager leurs citoyens.

  1. Transparence et confiance accrues : Lorsque les membres de la communauté sont inclus dans la prise de décision publique, cela améliore la transparence. À Sicap Liberté 5, l’ouverture du Maire à écouter les préoccupations du camp du “Non” et à fournir des réponses claires a permis à la communauté de rester informée et engagée. Ce processus a renforcé la confiance entre les résidents et les responsables locaux.

  2. Responsabilité partagée : L’inclusion communautaire garantit que les décisions ne sont pas perçues comme des impositions descendantes, mais plutôt comme des efforts collaboratifs. L’inclusion des membres de la communauté dans le comité de gestion du terrain de football illustre cette responsabilité partagée. Cela donne aux résidents un rôle direct dans la durabilité et le succès du projet.

  3. Amélioration de la prise de décision : En écoutant différentes perspectives et en créant une plateforme de débat, le processus décisionnel devient plus solide. À Sicap Liberté 5, les deux points de vue ont été entendus, ce qui a conduit à une compréhension plus complète des avantages et des défis du projet. Le consensus qui en a résulté reflétait un équilibre entre les points de vue, conduisant à un résultat plus durable et largement soutenu.

  4. Renforcement des capacités et de l’autonomisation : Impliquer les citoyens dans la gouvernance favorise l’autonomisation. Les résidents de Sicap Liberté 5 non seulement ont exprimé leurs opinions, mais ont également participé au processus décisionnel par le biais d’assemblées délibératives et de réunions représentatives. Ce processus a renforcé leur compréhension de la gouvernance locale et a augmenté leur capacité à participer à de futures décisions publiques.

  5. Promotion de l’engagement civique : Le cadre participatif encourage un engagement civique accru. En organisant des dialogues ouverts et des assemblées, le gouvernement local de Sicap Liberté 5 a inspiré une culture de l’engagement, motivant davantage de résidents à jouer un rôle actif dans le développement de leur communauté.

Un cadre de gouvernance locale pour l’inclusion

Le modèle de Sicap Liberté 5 peut servir de modèle pour d’autres localités au Sénégal et au-delà. Voici un cadre pour assurer l’inclusion communautaire dans la gouvernance locale :

  1. Proposition initiale et allocation budgétaire : Les projets doivent commencer par une communication claire des développements proposés, y compris les détails budgétaires. La transparence à ce stade pose les bases de la confiance.

  2. Dialogue citoyen : Avant que des décisions ne soient finalisées, les gouvernements locaux doivent organiser des forums ou dialogues citoyens ouverts pour présenter les projets, recueillir des retours d’information et répondre aux préoccupations.

  3. Assemblées délibératives : Organiser des assemblées délibératives permet aux membres de la communauté de discuter du projet en détail, de peser différentes perspectives et de parvenir à un consensus. Ces assemblées favorisent le débat démocratique et garantissent que diverses voix sont entendues.

  4. Réunions représentatives : Une fois un consensus atteint, un groupe de représentants de la communauté doit être sélectionné pour rencontrer les responsables du gouvernement local. Ces représentants transmettent la position de la communauté et veillent à ce que la décision finale s’aligne sur la volonté collective.

  5. Participation de la communauté à la gestion des projets : Pour les projets qui touchent aux espaces publics, les membres de la communauté doivent être inclus dans les comités de gestion. Cela garantit que la communauté conserve une part dans le succès à long terme du projet.

  6. Dialogue continu et mécanismes de retour d’information : Après la mise en œuvre du projet, les gouvernements locaux doivent maintenir une communication ouverte avec la communauté, en fournissant des mises à jour et en recueillant des retours pour assurer une transparence continue.

Conclusion

L’expérience de Sicap Liberté 5 montre la puissance d’une gouvernance inclusive. En impliquant la communauté à chaque étape du processus décisionnel, depuis

la proposition initiale jusqu’à la mise en œuvre du projet, les gouvernements locaux peuvent renforcer la confiance, la responsabilité et la participation partagée. Cette approche participative non seulement renforce la démocratie, mais garantit également que les projets publics s’alignent sur les besoins et les aspirations de la communauté.

Pour d’autres localités au Sénégal et au-delà, le modèle de Sicap Liberté 5 offre un cadre reproductible pour favoriser l’inclusion communautaire dans la gouvernance. En engageant les citoyens dans la prise de décision publique, nous pouvons bâtir des communautés plus fortes et plus résilientes, prêtes à prendre en main leur développement.