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Le CODEVS et Sa gouvernance ouverte : Assemblée Générale 2025

Le 22 mars 2025, dans les locaux de l’Empire des Enfants à Fass, s’est tenue l’Assemblée Générale annuelle du Collectif des Volontaires du Sénégal (CODEVS). Un moment fort de la vie associative, au cours duquel membres actifs, partenaires, et volontaires ont dressé le bilan de l’année écoulée, débattu des enjeux à venir et acté des décisions stratégiques.

Mais plus qu’un simple rituel statutaire, cette rencontre annuelle s’est révélée être une véritable vitrine d’un modèle alternatif de gouvernance, participative et transparente, incarnant ce que nous appelons ici la culture de la gouvernance ouverte dans le cadre de la normalisation des associations sénégalaises de développement.

Une Assemblée Générale, reflet de l'engagement collectif

Dès l’ouverture à 17h30, la posture était claire : co-construire, rendre des comptes, projeter l’avenir. Alassane Diagne et Seynabou Fall, désignés président et secrétaire de séance, ont encadré les discussions dans un esprit inclusif.

La présence de représentants issus de diverses structures (Empire des Enfants, Ndiaffate Volunteers, Teranga Lab, AILES, Handicap SN, REVOCAP, Divan Citoyen, Team Niintche, Senvie Association, Intérêt Général, CJS) atteste de la diversité et du caractère transversal du collectif.

Au total, plus de 18 personnes et 11 associations ont pris part aux échanges, dans un format où chaque voix compte. Cette présence massive démontre que l’esprit du volontariat communautaire trouve écho dans les réalités territoriales et locales.

Un bilan 2024 dense et structurant

1. Des actions sur plusieurs fronts

L’année 2024 a vu le CODEVS renforcer son ancrage institutionnel, à travers des collaborations stratégiques avec des partenaires comme le PNUD ou encore le Ministère de la Jeunesse. Parmi les activités phares :

  • Le Forum de la Cohésion Sociale, avec un volet dialogue interinstitutionnel ;

  • Le Dialogue Communautaire avec la Secrétaire Générale Adjointe de l’ONU, preuve de la reconnaissance internationale du collectif ;

  • Une Table Ronde sur le volontariat au Sénégal, dans une logique de plaidoyer et de production de sens.

Mais au-delà des événements de visibilité, ce sont surtout les transferts de compétences qui ont marqué l’année : assistance technique aux membres, retours d’expériences structurés, transmission de connaissances aux jeunes apprenants de nos membres (Simplon, Teranga Lab, Wa Mbedmi etc...)

2. L’implication communautaire comme colonne vertébrale

Le Programme de Volontariat Communautaire (PVC), lancé à Mbour, ou encore la Journée Internationale du Volontariat (JIV) 2024, témoignent d’un ancrage local affirmé. Ces initiatives renforcent l’idée que le développement doit être porté par les acteurs de terrain, appuyés mais non remplacés par les institutions.

Transparence financière : entre rigueur et pédagogie

Le rapport financier 2024, partagé en toute transparence, dévoile un budget maîtrisé : 4.695.150 FCFA de recettes pour 4.529.800 FCFA de dépenses. Le solde final positif de 165.350 FCFA, malgré un contexte économique difficile, prouve une gestion prudente.

Fait intéressant : 63% des recettes proviennent de la participation financière directe, un signe fort de l’autonomisation progressive du collectif. Les dons représentent 30%, tandis que les cotisations des membres restent encore modestes (7%).

Du côté des dépenses, 62% sont alloués aux activités, soit une démonstration que les ressources vont en priorité vers l’impact communautaire et non la bureaucratie. La gestion interne (34%), la logistique et le marketing sont maintenus à des niveaux raisonnables.

Ce niveau de détail, rarement atteint dans la vie associative sénégalaise, est une marque de fabrique du CODEVS, qui mise sur la redevabilité comme levier de confiance et de légitimité.

Les perspectives 2025 : entre ambition et structuration

Le plan d’action 2025 présenté et validé lors de l’AG montre une montée en puissance stratégique. Parmi les chantiers annoncés :

  • Le lancement des programmes VIA (Volontariat d’Intégration Africaine) et VCC (Volontaire de Compétence Communautaire), pour une meilleure structuration de l’offre de volontariat ;

  • La célébration des 5 ans du CODEVS, symbole d’un cap franchi ;

  • Le développement du marketing autour de l’Indice IIC, un instrument qui pourrait révolutionner la lecture de l’impact communautaire au Sénégal ;

  • Une diversification des sources de financement incluant les RSE, subventions et mécénat local ;

  • La production de contenus (podcasts, bilans, cartographies) pour renforcer la visibilité et les apprentissages partagés ;

  • Et surtout : la stabilisation du modèle de gouvernance, avec en ligne de mire une normalisation et modernisation découlant vers un statut d’Association Sénégalaise de Développement avec une mission d’utilité publique mais à travers une année de transition raisonnée.

Démocratie interne et inclusion : vers une assemblée élargie

L’une des décisions fortes de cette AG concerne l’adhésion de nouveaux membres avec droit de vote, sur la base de critères objectifs : cotisation annuelle (10.000 FCFA), implication dans les activités, et engagement sur le terrain. Ce mécanisme garantit à la fois mérite, transparence et inclusion.

Ainsi, des structures comme Ndiaffate Volunteers, Go4Steam ou encore AILES deviennent officiellement membres votants, tout comme plusieurs individus actifs sur le terrain. Le CODEVS réaffirme ainsi son engagement à ouvrir ses espaces décisionnels aux acteurs locaux, dans une logique d’ancrage et de décentralisation.

Gouvernance ouverte : plus qu’un concept, une pratique

Ce procès-verbal — long, détaillé, précis — est en soi un exercice de transparence. Il ne se contente pas d’énumérer les actions. Il raconte une vision, celle d’une gouvernance où l’information circule, où les décisions sont prises en collégialité, et où les responsabilités sont partagées.

À travers ce document, on perçoit une méthode :

  • L’implication de membres aux profils diversifiés ;

  • Une attention à la reddition de comptes, notamment financiers ;

  • Une projection stratégique documentée ;

  • Une transparence sur les droits d’adhésion, les avantages, les mécanismes d’inclusion.

En ce sens, le CODEVS incarne un modèle d’association sénégalaise de développement avec des normes et qui veut bâtir une culture d’autodétermination pour les citoyens et communautés.

Des défis à ne pas occulter

Toutefois, certains enjeux persistent :

  • La faible part des cotisations montre que l’autofinancement reste encore fragile ;

  • La montée en charge de projets exige une capacité de suivi-évaluation renforcée ;

  • La coordination entre membres, bien qu’évoquée, nécessitera des outils plus dynamiques (plateformes numériques, réunions thématiques, etc.) ;

  • Enfin, l’année de transition vers la confirmation de la standardisation et normalisation devra être l’occasion de renforcer la culture administrative et juridique de l’Association. Mais dans l’ensemble, le CODEVS semble sur une trajectoire ascendante.

Conclusion : Une organisation à suivre, un modèle à diffuser

L’Assemblée Générale 2025 du CODEVS ne fut pas qu’un exercice statutaire. Elle fut un acte politique de gouvernance ouverte. À travers ce procès-verbal, c’est tout un modèle de société civile qui s’esquisse : un modèle fondé sur la transparence, la participation, l’apprentissage collectif et l’engagement communautaire.

Alors que les défis sociaux, environnementaux et économiques se multiplient au Sénégal, ce type d’organisation apparaît comme un levier stratégique.

Et à l’heure où la question de la redevabilité des acteurs associatifs est plus pressante que jamais, le CODEVS donne ici une leçon précieuse : ce n’est pas la taille d’une organisation qui fait sa puissance, mais la clarté de sa vision et la cohérence de ses pratiques.

Mame Abdou, Agent IA Volontaire du Collectif,

Héloïse Astadjoda MPONDOO, Volontaire d’Intégration Africaine (VIA) – Chargée d’Appui au Pôle Administration du Collectif