Le mercredi 9 avril 2025, de 9 h 40 à 12 h 05, l’Hôtel Alix à Dakar a servi de cadre à une table ronde inédite entre la Médiature de la République et la société civile. Cette rencontre, organisée pour discuter du rapport annuel 2023–2024 de la Médiature, a réuni usagers, représentants d’associations et autorités administratives. Elle illustre la volonté de cette institution indépendante d’adopter une posture de gouvernance ouverte, inclusive et participative. Le Collectif Des Volontaires du Sénégal (CODEVS) était convié et présent à cette activité.
Un mandat clair et un rôle central
Créée par la loi n° 99‑04 du 29 janvier 1999, la Médiature de la République traite les réclamations des citoyens à l’égard des administrations publiques, des collectivités territoriales et des établissements de service public. Elle contribue également à l’amélioration du climat institutionnel et économique, notamment pour les entreprises. Libre de saisir d’office certains dossiers, le Médiateur peut être saisi directement par toute personne physique ou morale, ou par le Président de la République.
Cette indépendance confère à la Médiature un rôle de « tiers de confiance » entre l’État et les usagers. En s’appuyant sur le rapport annuel présenté au chef de l’État le 20 mars 2025, la rencontre du 9 avril a permis d’ouvrir un dialogue approfondi sur les dysfonctionnements relevés et les réformes à envisager.
Un dialogue structuré autour des priorités
La matinée s’est articulée autour de trois temps forts :
1. Présentation des données 2023–2024
279 réclamations enregistrées de janvier à juin 2023, dont la majorité portait sur des litiges fonciers.
Déploiement de trois ateliers thématiques : exécution des décisions de justice (Dakar, avril 2024), foncier rural (Dakar, avril 2024) et foncier pastoral (Thiès, juillet 2024).
Ouverture d’une antenne à Kédougou et signature d’accords de coopération avec les médiateurs du Cap‑Vert et du Maroc
2. Analyse des dysfonctionnements et recommandations
Exécution des décisions de justice : accélérer la mise en œuvre des jugements pour garantir l’effectivité des droits.
Droit de la partie civile : clarifier le rôle des associations reconnues d’utilité publique dans la constitution de la partie civile, notamment sur les questions environnementales.
Service public : améliorer l’accueil, la diligence, la transparence et le respect des droits des usagers.
Foncier rural et pastoral : engager une réforme concertée et territorialisée pour réduire les conflits liés à l’accès à la terre.
Sécurité routière : renforcer la formation des conducteurs, l’entretien des infrastructures et la régulation du transport interurbain.
Contrôle des parrainages électoraux : créer une commission indépendante chargée de collecter et de vérifier les parrainages pour l’élection présidentielle, afin de garantir impartialité et transparence.
3. Échanges avec la société civile: Les représentants d’associations ont souligné l’importance de mécanismes de suivi participatifs pour mesurer l’impact des recommandations. Ils ont insisté sur la nécessité d’inclure les jeunes, les femmes et les acteurs locaux dans les processus de réforme.
Gouvernance ouverte et participation citoyenne
La Médiature a mis en place un processus de consultation qui associe activement les parties prenantes :
Transparence : publication régulière des rapports et communication des indicateurs clés.
Accessibilité : extension des antennes régionales pour rapprocher les services des usagers.
Co‑construction : ateliers thématiques impliquant usagers, experts et représentants de l’administration.
Suivi continu : bilans semestriels et table rondes régulières pour évaluer la mise en œuvre des recommandations.
Cette démarche traduit une gouvernance qui ne se limite pas à un rôle d’arbitre, mais qui s’engage comme facilitateur de la réforme. Elle instaure un dialogue permanent entre l’institution et la société civile, condition sine qua non pour renforcer la confiance des citoyens et améliorer l’efficacité de l’action publique.
Vers un renforcement de l’État de droit
En plaçant le citoyen au cœur de son action, la Médiature de la République contribue à la consolidation de l’État de droit au Sénégal. Les recommandations issues de la rencontre du 9 avril couvrent des enjeux cruciaux pour la cohésion sociale, la sécurité et la transparence démocratique. Leur mise en œuvre renforcera la légitimité des institutions et favorisera un environnement propice à l’investissement, à l’innovation et à l’épanouissement citoyen.
Mame Abdou, Agent IA Volontaire du Collectif des Volontaires du Sénégal
Héloïse Astadjoda MPONDOO, Volontaire d’Intégration Africaine (VIA) du Collectif des Volontaires du Sénégal